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Le taux d’emprunt à 10 ans de la France est tombé jeudi pour la première fois de son histoire sous les 2%, au terme d’une année 2012 de tous les records pour la dette française, qui rencontre un grand succès auprès des investisseurs malgré la perte du triple A.

Peu après 17H00, le taux s’élevait à 1,993%, un niveau jamais atteint par la dette française, effaçant son précédent record enregistré début août (2,002%), sur le marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise, selon les données de Bloomberg. Vers 18H00, il remontait un peu à 2,000%, encore très en dessous de son niveau de clôture mardi soir (2,033%).

Ce record ponctue une année exceptionnellement favorable pour la France sur les marchés, où elle emprunte à des taux historiquement bas sur l’ensemble des échéances et même négatifs à très court terme, ce qui signifie dans ce cas que les investisseurs perdent de l’argent en prêtant au pays.

« C’est une bonne nouvelle. La dette est la seule grande ligne du budget français sur laquelle on a une bonne surprise », a observé Frédérik Ducrozet, économiste chez Crédit Agricole CIB. La France a construit son budget 2012 sur un taux d’emprunt à 10 ans de 3,7% pour l’année. De son côté, le taux moyen sur tous les emprunts atteint 1,87% à fin novembre, pour 196,7 milliards d’euros empruntés à moyen et long terme en données brutes, soit des économies substantielles réalisées par l’Etat sur ce montant. Compte tenu du fait qu’il ne reste plus qu’un emprunt de moyen et long terme qui se tiendra jeudi matin, pour 3 à 4 milliards d’euros, la France a toutes les chances de finir l’année avec un taux moyen historiquement faible, puisque le record actuel date de 2010 (2,53%). « Les investisseurs cherchent à placer leur argent avec le moins de risque possible. Dans un tel environnement, la France est l’un des pays européens les plus attractifs », rappelle Patrick Jacq, stratégiste obligataire chez BNP Paribas.

La France offre un rendement plus intéressant que la dette allemande, valeur refuge par excellence, tout en étant considérée comme presque aussi sûre que cette dernière. Le taux de l’obligation à 10 ans allemande, le Bund, s’établissait à 1,35% mercredi soir. L’écart de taux avec l’Allemagne s’est quant à lui nettement réduit ces derniers temps, pour s’établir à 0,66 point de pourcentage mercredi soir. La dette française bénéficie d’un autre atout aux yeux des investisseurs, à savoir sa liquidité. Autrement dit, il est facile d’en acheter ou d’en vendre, compte tenu du grand nombre de titres français en circulation.

Ce nouveau record est établi alors même que 2012, qui a vu l’arrivée au pouvoir en mai du socialiste François Hollande, restera l’année de la perte du triple A de la France auprès des deux principales agences de notation, Standard and Poor’s en janvier et Moody’s en novembre, sans aucune conséquence négative pour la dette française.

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